Usines d’Ambert – Témoignages – 3 –

Bonsoir,

Dernier témoignage ce soir sur les Usines d’Ambert : Yvonne, abraysienne de 68 ans en 2011 nous raconte :

Nous étions jeunes mariés et nous habitions dans l’Est, près de Sarreguemines.

Mon mari et mon beau frère souhaitaient se rapprocher de Saumur,  là où leurs parents étaient installés. Après réflexion et discussion, nous décidâmes un beau jour avec ma belle sœur et mon beau frère de quitter la région et d’y aller !  Après tout, nous étions jeunes !

Les hommes achetèrent le journal et regardèrent les petites annonces : eh oui, il fallait trouver du travail !

Michelin à Tours cherchait des ouvriers. Ils partirent tous les deux et  se rendirent sur place. Ils eurent l’un comme l’autre une promesse d’embauche.

Ils s’arrêtèrent dans un bar pour prendre un café, et consultèrent à nouveau les petites annonces dans la presse : UNELEC à Orléans recrutait aussi des ouvriers. Alors, avant de prendre le chemin du retour, ils passèrent à Orléans pour se présenter. Ils eurent tous les deux une seconde promesse d’embauche. En 1966, il était plus facile de trouver du travail qu’aujourd’hui !

Ils sont donc rentrés à la maison, en nous disant : « Nous sommes embauchés deux fois tous les deux ».

Quelques mois après, nous nous installions donc dans la région orléanaise. J’avais quitté mon travail d’aide maternelle  dans les écoles et je m’occupais de mon premier bébé.

André, mon mari et son frère avaient choisi UNELEC. Nous n’avons pas eu besoin de chercher un logement : un appartement était mis à notre disposition Cité Saint Loup à Saint Jean de Braye,  en location. Nous y sommes restés à peu près 8 ans et ensuite nous avons pu avoir une maison rue d’Ambert que nous avons d’abord louée puis achetée dans les années 80. A partir du moment où le salaire était versé par virement à la banque (vers 1970), l’usine prélevait chaque mois le loyer sur le salaire de mon époux. Je précise qu’avant cette date, mon mari était payé en espèces, il recevait un acompte chaque mois et le solde quinze jours après. A cette époque, il n’y avait pas autant d’agences bancaires qu’aujourd’hui, beaucoup de transactions se faisaient en espèces, même les allocations familiales étaient versées en numéraire à domicile par un agent qui allait de maison en maison.

En tant que locataires, nous étions prioritaires pour acheter cette maison, le prix était intéressant et nous avons fait un crédit sur 20 ans.

Nous avions alors nos 3 enfants : 2 garçons et une fille. Guy et Didier, les garçons jouaient au foot et au judo dans les clubs des Usines d’Ambert.

Je me souviens du premier arbre de Noël de Guy, notre aîné, le père Noël lui avait donné  un ours en peluche. Par la suite, nous choisissions les jouets des enfants sur un catalogue, mais ils avaient aussi la possibilité, à partir de 9 ou 10 ans, de bénéficier d’un séjour à la neige comme cadeau de Noël. Tout était gratuit, les enfants devaient juste avoir leur équipement vestimentaire. Transport en bus, aller et retour, pension complète, ski, tout était offert.

Les usines avaient un chalet dans les Vosges à proximité du Ballon d’Alsace. Les enfants en ont gardé de bons souvenirs, et même aujourd’hui, il m’arrive encore de regarder les photos de leurs séjours.

Mon mari ne déjeunait jamais à la cantine, nous habitions pas loin de l’usine, il rentrait à la maison tous les midis, sauf le jour du «  repas de Noël » qui était servi au personnel : un excellent repas !

Entré comme ouvrier, mon mari a évolué dans l’usine tout au long de sa carrière de 1966 à 2002 ; d’ouvrier spécialisé OS2, il devint ensuite empileur, puis cariste et enfin électromécanicien.  Il était heureux de penser qu’il aurait une bonne retraite, mais malheureusement il n’a pas pu en profiter, la maladie l’a emporté six mois avant ses 60 ans.

Très bonne soirée à vous,

et à demain.

Sources : Photo JJR – la cité St Loup aujourd’hui –

La cité St Loup avant rénovation en 1995 – source inconnue

La cité Saint Loup aujourd’hui

Cité St Loup avant rénovation en 1995 par l’OPAC du Loiret

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