Après le centre culturel, la Compagnie Clin d’Oeil

Bonsoir à toutes et à tous,

En 1986, La Compagnie CLIN d’OEIL reprend les bâtiments du Centre Culturel et depuis cette année-là, son directeur fondateur : Gérard AUDAX est toujours là.

L’article paru récemment dans MAG Centre vous donnera des informations sur la compagnie et toutes ses actualités. Le festival LittOral a lieu ce week-end et nous vous publions donc une photo de Gérard AUDAX et de François MOREL qui se trouvait à St Jean de Braye vendredi soir pour le plaisir de tous.

Très bonne soirée à vous, et à demain.

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Sources : Article de Mag Centre, et Gérard Audax « Clin d’Œil » à tous les fous de théâtre. mercredi, 23 mars 2022

MagCentre a rendu visite au Théâtre Clin d’Œil à Saint Jean de Braye, et rencontré son fondateur, Gérard Audax, ainsi que sa fille qui reprendra un jour ou l’autre la direction artistique du lieu. Tour d’horizon des diverses activités théâtrales et littéraires, et quelques mots sur les prochains festivals de la Compagnie. Propos recueillis par Bernard Thinat

MagCentre : Gérard, quel a été le parcours du comédien et metteur en scène que tu es devenu au fil des ans ?

GA : Cela remonte à loin. Dans deux ans, je vais fêter un demi-siècle de comédien, je ne l’aurais jamais cru ! J’étais à l’école normale d’instituteurs, et avec les CEMEA, je suis devenu instructeur et suis allé au Festival d’Avignon, j’avais 18 ans. On organisait des rencontres avec Béjart, Mnouchkine, Dario Fo. Et là, j’ai découvert le métier de comédien. Celui d’instituteur est un métier merveilleux, mais je n’étais pas fait pour la file d’attente des habitudes, les mêmes horaires tous les jours, j’aime bien vivre dans un équilibre fragile. Je suis un féru du festival d’Avignon : j’y suis donc allé à 18 ans et y suis retourné tous les ans, sauf en 2020 comme on sait. Je suis arrivé au théâtre par la poésie. Ma famille n’était pas du tout théâtre, mon père était cantonnier, et ma mère femme de ménage n’a jamais su lire. Il y avait donc bien peu de livres à la maison, mis à part le Chasseur français. Je vivais dans un petit village dans le Berry et je passais mon temps à lire, ce qui me permettait de jeter un manteau de poésie sur le quotidien. Robert Doisneau a écrit : « Susciter, c’est créer ». J’aime bien les nouvelles qui sont courtes. Eugène Guillevic disait : « Écrire court pour en dire long ».

MagCentre : Tes débuts au théâtre se sont passés comment ?

GA : J’ai commencé ici par le théâtre amateur alors que j’étais à l’école normale, c’était un centre culturel, j’y ai d’ailleurs rencontré mon épouse qui était professeur de danse. Ensuite, il y a eu le Mobil Théâtre, puis j’ai ouvert avec Patrice Douchet le Théâtre de l’Escarpolette à la Chapelle-Vieille à Saran. On s’est ensuite séparé et j’ai fait l’école Charles Dullin. Le théâtre et la littérature, c’est mon oxygène, grâce au théâtre, j’ai voyagé, pas que physiquement, j’ai voyagé aussi à travers les auteurs, tantôt Tartuffe en alexandrins, ou Guillevic en poésie, en chansons avec Brassens. Se mettre au service des mots des autres, ça permet d’apporter ses émotions, sa sensibilité, ses colères, ses tristesses…, on parle plusieurs langues, on est un peu polyglotte.

MagCentre : Venons-en maintenant à ta Compagnie Clin d’Œil…

GA : Après une période d’aventures autogestionnaires, j’ai eu envie de créer ma propre compagnie, ce qui avait l’avantage que tous les spectacles où je jouerais, je les aurais choisis, et je pourrais les revendiquer. Le Maire de Saint Jean de Braye de l’époque, Jean-Pierre Lapaire m’a proposé de m’installer dans ce lieu en 1986.Je ne pense pas qu’il puisse y avoir de création artistique sans action culturelle, sinon on se retrouve entre initiés, tel un cénacle littéraire. C’est pourquoi nous intervenons dans les collèges, lycées, CFA, c’est aussi pourquoi nous avons une grosse école de théâtre, avec 140 élèves, enfants, ados, adultes (avant Covid). Clin d’œil, c’est un peu tout ça. Mais surtout, c’est un outil : tous les jours, il y a des gens qui répètent ici. Quand je rentre dans un lieu culturel et qu’il y a un calme qui ressemble à un hall d’hôpital, je me dis que la culture est malade. Ici, il y a de la musique, des marionnettes, de la danse, du théâtre… Tous les lieux culturels devraient être une ruche, que ça travaille, que ça butine, que ça ramène du pollen…

MagCentre : Tu peux nous parler de tes plus belles rencontres ?

GA : Eugène Guillevic évidemment, et d’autres. Je les appelle mes professeurs de bonheur. Dario Fo aussi, que j’ai rencontré grâce à mon ami Jacques Fabri, et Maurice Baquet qui était violoncelliste, acteur, alpiniste, il y a même une voie qui porte son nom dans l’aiguille du Midi, chanteur d’opérette,et Président du Beaujolais. Je l’ai rencontré au café du théâtre d’Orléans, de la même façon que Philippe Caubère. C’est Maurice Baquet qui m’a fait rencontrer Robert Doisneau. J’ai deux grands amis qui me manquent énormément, Jean-Louis Derenne et Jacques Trupin, le bandonéoniste. Ce sont des potes avec lesquels j’ai eu des aventures humaines extraordinaires, on pouvait toujours avec eux parler de choses sérieuses, mais sans gravité. C’est la politesse de l’humour.

MagCentre : Si tu avais un spectacle que tu garderais en mémoire, ce serait lequel ?

GA : Il y a celui de l’Opéra Comique, « Bonjour Monsieur Satie ». Cela a été un grand moment. Je rentre en scène, seul pendant cinq minutes. Après, entre Jean Babilée, le danseur étoile, puis Maurice Baquet. On entrait tous en disant : « Je m’appelle Eric Satie comme tout le monde ». Il y a aussi le premier spectacle que j’ai joué sur Guillevic, mis en scène par Jacques Fabri. On l’a joué plus de 200 fois, y compris à l’étranger, il avait été créé au théâtre du Tourtour à Paris. Les gens venaient car il y avait le nom de Jacques Fabri, et ils écoutaient de la poésie. J’aime bien les mélanges incongrus.

MagCentre : Tu peux nous dire quelques mots sur les sons et lumières à Saint Jean de Braye ?

GA : Sur les sons et lumières, j’ai monté « le Songe d’une nuit d’été », « le Tour du monde en 80 jours ». Les gens venaient voir de grands spectacles, il y avait 150 personnes sur le plateau, cela a duré 15 ans. Mais ce n’était pas une « duperie-fouterie », en même temps, ils écoutaient du Shakespeare, du Rabelais, du Jules Verne. J’aime bien ce théâtre populaire cher à Vilar, pas populiste ! Aurélie Filippetti disait « la culture, c’est le disque dur de la politique », et c’est tellement vrai. Plus les gens sont cultivés, moins ils se dirigent vers l’obscurantisme de Zemmour.

MagCentre : Parlons du Festival d’Avignon, si tu veux bien…

GA : J’y vais depuis 1972, chaque année, cela fera 50 ans en juillet prochain. Avec la Compagnie Clin d’Œil, quand je monte un spectacle là-bas, je n’y vais pas en me disant : « J’ai l’argent, je loue un lieu ». Je ne joue que dans les théâtres conventionnés, et ce sont les Directeurs de ces théâtres qui choisissent les spectacles. Il y a quatre ans, j’ai monté « les Migrants » au Chêne Noir. Quand Vilar s’entourait de vedettes du théâtre, Gérard Philipe, Jeanne Moreau, Maria Casarès, les gens venaient peut-être voir des idoles, des stars, ils venaient voir aussi le Soulier de Satin, Richard II, le Cid, le Prince de Hombourg ou Dom Juan. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, je pense que c’est un manque de courage. Je crains que le Off se privatise de plus en plus avec de gros producteurs parisiens qui achètent des lieux sur Avignon, ce ne sera plus un lieu de rencontres théâtrales. Autrefois, c’était un tremplin pour de jeunes compagnies, aujourd’hui c’est très difficile. On dit que le théâtre, c’est le mariage du silence et de la parole, mais maintenant, il n’y a plus de silence à Avignon. C’est devenu une grosse entreprise commerciale, un marché, et ce n’est pas le but du théâtre.

La famille Audax, c’est Gérard et Marie-Claude, mais c’est aussi la fille, Aurélie, metteuse en scène le plus souvent dans la Compagnie depuis que son père a pris quelque recul avec la direction d’acteurs et actrices. Mais peut-on échapper au spectacle vivant lorsqu’on passe son enfance avec des parents totalement investis dans le milieu artistique ? Aurélie au lycée adorait l’histoire de l’art et souhaitait devenir commissaire priseur. Après une terminale littéraire, elle s’est orientée vers la faculté de Droit d’Orléans, puis l’école Charles Dullin à Paris un peu par hasard sans percuter que son père y était aussi passé. Après un travail avec Alain Léonard (grand ami de Gérard) à la maison du Off en Avignon, un passage du côté des marionnettes à Paris, elle a intégré les planches avec une pièce de Jacques Hadjaje, « Entre temps j’ai continué à vivre ». Avec sa maîtrise de Droit, elle a fini par se dire « comédienne » après avoir hésité pendant cinq années entre le métier d’artiste et des études de Droit administratif de la culture. Aurélie aime autant jouer sur les planches que la mise en scène, les deux activités se nourrissant l’une de l’autre, dit-elle. Elle adore adapter des textes contemporains au théâtre, changer les points de vue, les prismes. De plus elle adore la poésie comme son père. Aurélie est évidemment l’avenir de la Compagnie Clin d’œil.

Deux Festivals avec Clin d’Oeil

Le Fay’stival

Suite à une « causerie », dixit Gérard Audax, à Fay aux Loges dans le cadre d’un jumelage avec une ville italienne, une discussion consacrée à la Commedia dell’arte et réunissant une centaine de personnes où chacun pouvait jouer avec un masque, le Maire Frédéric Mura a demandé à Gérard Audax si un festival de théâtre en milieu rural l’intéressait. On peut imaginer la réaction du Directeur artistique de Clin d’œil, et c’est ainsi que le Fay’stival est né en 2018.Il aura lieu cette année du 25 au 29 mai dans cette charmante bourgade de la forêt d’Orléans, avec plusieurs spectacles programmés dans l’ancienne usine électrique au bord du canal d’Orléans, et l’ouverture sera faite par l’humoriste et écrivain Vincent Rocca. Le programme est connu, on pourra découvrir « Cendrillon » de Joël Pommerat, de la danse hip-hop, des airs d’opéra…

Le LittOral

Quant au festival Litt’Oral consacré à la littérature et à l’oralité, créé l’année passée, il aura lieu du 12 au 15 mai. François Morel et son fils joueront « le Dictionnaire amoureux de l’inutile », 400 collégiens, lycéens et apprentis viendront participer à la journée de la nouvelle. Les noctambules auront leur nuit de la nouvelle, Jean-Pierre Siméon et Carl Norac viendront animer un spectacle autour de la poésie à la salle des Fêtes de St Jean de Braye, et le festival se terminera le dimanche au château de Chamerolles avec la remise du prix Bocace.

François MOREL et Gérard AUDAX

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