Le début du logement social à Orléans / Un patrimoine social et urbain à valoriser

A la fin de la guerre 1914-18  un grand débat public s’est engagé sur la question du logement social. Les destructions de la guerre  et la nécessité de répondre aux attentes des soldats démobilisés et de leurs familles, mais aussi les premières grandes manifestations de locataires, organisées par l’Union nationale des locataires, ont alors incité l’Etat à s’engager.

Avant la guerre, les solutions pour résoudre la crise du logement qui avait émergé au milieu du XIXe siècle avec le mouvement d’industrialisation, avaient donné la priorité à la lutte contre les taudis et l’insalubrité en essayant de promouvoir « l’accession familiale à la petite propriété« . Les comités pour les habitations à bon marché (HBM) ont alors été créés (Loi Seigfreid de 1894) puis les Sociétés de crédit immobilier (Loi Ribot de 1908) et les communes ont été autorisées à participer au financement de la construction aux côtés des sociétés de crédit immobilier. Les résultats ne furent pas à la hauteur des enjeux et l’étape qui se révèlera décisive par la suite, a été le vote de la loi Bonnevay (23/12/ 1912), par laquelle ont été créés « les offices communaux, intercommunaux et départementaux » avec pour mission « la construction et la gestion d’immeubles salubres ».

Ce qui deviendra plus tard le mouvement HLM, était né !

En 1922, Louis Loucheur fait voter une première loi qui fait la synthèse des lois d’avant-guerre, pour relancer la construction d’HBM en faveur « des personnes peu fortunées vivant principalement de leur salaire », mais cette loi  reste axée sur l’accession à la propriété. Il faut attendre 1928 et l’aggravation de la crise du logement (la France est alors très en retard sur l’Allemagne et la Grande-Bretagne en matière de construction de logements) pour que Louis Loucheur fasse adopter une nouvelle loi, (30 octobre 1928), qui engage les Offices à construire des logements locatifs : 200 000 logements locatifs en 5 ans, et 60 000 logements pour les classes moyennes. Tel est l’objectif qui reste modeste !

C’est dans ce contexte que l’Office public d’Orléans a été créé par arrêté ministériel du 16 mai 1922. Il avait déjà construit les cités de la Madeleine (6 log) et des Murlins (62 log) quand il lance, en 1929, un concours pour la réalisation des cités E Zola (24 log) et A Ribot (58 log). La Cité rouge, rouge comme la couleur de ses tuiles, appellation familière de la cité A Ribot, allait naître de cette décision et pouvait accueillir ses premiers occupants en 1932-33.

Les architectes lauréats, un cabinet parisien, s’inspirant du mouvement des cités jardins, proposent une ensemble harmonieux de 58 maisons, dotées des éléments de confort de l’époque et d’un jardin.

La cité donne sur la rue de l’Argonne aménagée depuis peu et sur la rue Fil soie qui deviendra rue de Reims.

Des venelles permettent des déplacements à pied à l’intérieur de la cité lui donnent un caractère convivial. Les architectes se sont ingéniés à varier la forme et le volume des maisons et ont introduit des détails architecturaux (œils-de-bœuf, parements de briques…) qui contribuent à donner à ce groupement de maisons une grande qualité qui, aujourd’hui, est malheureusement altérée par des constructions parasites.

Le nom des principaux promoteurs des lois en faveur du logement social est alors donné aux deux rues qui structurent la cité : Alexandre Ribot (1842-), plusieurs fois président du conseil dont cinq mois en 1917 et Louis Loucheur (1872-1931), proche de Clemenceau, ministre de l’armement en 1917, européen convaincu, proche de Aristide Briand.

Article de La République du Centre (non daté)

Cette cité qui accueillait des familles nombreuses (au recensement de  1936, 1/3 des familles étaient composées de 5 personnes et plus) a été, pendant l’entre-deux guerres et jusqu’en 1970, un pôle d’animation et le cœur du quartier.

Chaque année, en septembre, un comité organisait Les Fêtes de l’Argonne : corso fleuri, spectacles d’acrobates, « Grande soirée de gala ou artistique » (théâtre, chansons, numéros de cabaret et d’acrobates..) et … élection de la Reine des fêtes.

Ces fêtes ont marqué l’histoire du quartier et restent inscrites dans la mémoire des habitants.

Auteur : R. Blondel