1839 : fondation des Petites Sœurs des pauvres

En 1839, en Bretagne, la congrégation des Petites Sœurs des pauvres est fondée à Saint-Servan-sur-Mer (devenu depuis un quartier de Saint-Malo) par Jeanne Jugan (1792-1879), canonisée en 2011.

Cette congrégation hospitalière et missionnaire de droit pontifical a la charge d’accueillir, réconforter, soigner et accompagner les personnes âgées pauvres jusqu’au terme de leur existence. « Elles se dévouent aux soins des vieillards pauvres et infirmes des deux sexes et leur donnent le logement, la nourriture et les vêtements. Les Petites Sœurs reçoivent avec reconnaissance les aumônes et dons en nature pour les pauvres vieillards qui sont actuellement au nombre de 230 » selon l’Annuaire général d’Orléans et des communes du Loiret de 1934.

1855 : les Petites Sœurs des pauvres arrivent à Orléans

L’évêque d’Orléans, Mgr Félix Dupanloup (1802-17878), décide de faire venir à Orléans la jeune congrégation des Petites Sœurs des Pauvres pour s’occuper des vieillards pauvres. Les religieuses arrivent le mercredi de Pâques 1855 (soit le 4 avril) au cœur du centre-ville. Grâce à la générosité d’amis et de bienfaiteurs, la congrégation s’établit 26 ter rue de la Poterne, dans l’ancienne maison du Petit-Ambert, qui servait au Moyen-Age de refuge aux moines Célestins du Prieuré d’Ambert situé dans la forêt de Chanteau, à quelques kilomètres d’Orléans.

Très vite, plus de 50 personnes viennent s’y abriter et la maison devient alors trop petite. L’organisation d’une souscription permet l’acquisition de bâtiments et dépendances contigus à cette maison. Quelques 90 vieillards y sont accueillis puis en 1861 le nombre de places est porté à 130. Cependant, les locaux s’avèrent encore bien exigus.

Du quartier Saint-Marceau…

En 1866, les Petites Sœurs souhaitent à nouveau s’agrandir. Un terrain situé dans le quartier Saint-Marceau est trouvé et acheté. Cependant l’inondation de la Loire en octobre 1866, particulièrement destructrice dans ce quartier, remet en cause le projet.

Elles acquièrent alors une maison et ses dépendances situées Grande rue du Faubourg Saint-Marceau (actuelle rue Saint-Marceau) pour y installer l’asile des vieillards et vendent aux enchères publiques les bâtiments de la rue de la Poterne. La congrégation revend en février 1869 la maison 131 rue Saint-Marceau à un certain Jules Léveillé.

… à la rue de Bellébat

Entre temps, en avril 1867, la congrégation acquiert un terrain rue de Bellebat, dans le quartier Saint-Marc pour y faire construire leur bâtiment. Entièrement dévoué à la cause des Petites Sœurs des pauvres dont il obtient la reconnaissance légale, le père Ernest Lelièvre est né le 13 avril 1826 à Valenciennes et mort le 13 juillet 1889. Il est prêtre catholique auxiliaire des Petites sœurs des pauvres de 1855 à 1889 et a fondé plusieurs de leurs établissements. Il vient à Orléans s’occuper des plans et du prix de la construction. Les travaux sont confiés à l’entrepreneur Laurent Pagot.

Alors que la guerre franco-prussienne est déclarée peu de temps auparavant, la congrégation s’installe dans un imposant bâtiment comprenant quatre étages comme le montre le plan figurant sur la fiche auxiliaire cadastrale du 56 rue de Bellebat conservée aux Archives d’Orléans. Le 19 août 1870, a lieu la bénédiction de la chapelle et de la maison par l’abbé Desbrosses, vicaire général, assisté de l’abbé Méjasson, curé de Saint-Marc.

Plan des bâtiments du 56 rue de Bellébat. Source : Archives Municipales et Communautaires d’Orléans Métropole –
Propriétés bâties, imposition. – Rue de Bellébat : fiches auxiliaires cadastrales (1863-1984) – Côte 4G777.

Quinze ans après leur arrivée à Orléans, les Petites Sœurs bénéficient, enfin, d’un bâtiment adapté pour accueillir et loger quelques 220 personnes âgées pauvres.

Des legs pour faire vivre l’établissement

La Ville d’Orléans accorde des subventions, versées en janvier de chaque année. Cependant, dans une lettre de juillet 1876, la Supérieure demande au Maire de supprimer les subventions municipales de 1500 francs car « les statuts ne permettent pas d’avoir des secours annuels pour l’entretien de nos pauvres vieillards ».

Les Petites Sœurs des pauvres sont autorisées à recevoir des legs par testament selon le décret du 21 février 1863. Dans le dossier relatif à la congrégation, conservé aux Archives municipales d’Orléans, on peut citer les exemples suivants de legs :

  • 1876 : legs de 5 000 francs de Mlle Masson de Vernou
  • 1900 : legs de 300 francs de Jules Abel Horay
  • 1906 : legs de 10 000 francs de Mlle Marie Mélanie Gaucher, répartis comme suit :
    • 4 000 francs pour les travaux de réparation des bâtiments conventuels
    • 1 000 francs pour l’achat de literie
    • 2 000 francs pour l’entretien des vieillards
  • Legs de 3 000 francs de Mme Veuve Lacaze née Launoy pour être « employé à la nourriture et l’entretien des pauvres vieillards recueillis. »

D’importants travaux de modernisation

A partir de 1986, d’importants travaux de réaménagement de la maison sont entrepris pour répondre aux besoins actuels. Ceux-ci sont réalisés sur les plans de Claude Aureau, architecte parisien avec le concours de la Société orléanaise de bâtiments et travaux publics et pour le gros œuvre l’entreprise Pagot, qui avait réalisé la maison en 1870.

Outre la construction d’un bâtiment pour accueillir un foyer-logement de 18 petits appartements dénommé « Résidence Jeanne d’Arc », c’est également un complet et profond réaménagement intérieur du bâtiment qui est entrepris : suppression des salles communes, installation de chambres particulières, avec possibilité de soins à chaque niveau, modernisation de l’étage réservé à la communauté des Sœurs. La chapelle et le jardin à la française subissent, également, une rénovation.

Aussi, le 17 mars 1990, se déroule la bénédiction de la chapelle et des nouveaux locaux par Mgr René-Lucien Picandet (1931-1997), évêque d’Orléans. Au milieu des années 1990, les Petites Sœurs des pauvres poursuivent la réhabilitation et le réaménagement des locaux et des bâtiments en confiant ces travaux au cabinet d’architectes parisien François Lacoste et Wandrille Thieulin.

Organisation interne de Ma Maison

La Maison-Mère des Petites Sœurs des pauvres est établie depuis 1858 à Saint-Pern, près de Rennes.

La Congrégation est divisée en provinces réparties sur les cinq continents. Chaque établissement appelé « Maison » a son propre statut juridique, lui conférant ainsi une indépendance juridique, économique, financière et sociale. Ma Maison d’Orléans relève de la province de Rennes. 

En 2005, sous l’épiscopat de Mgr André Fort (1935-    ), celle-ci a fêté les cent cinquante ans de leur présence dans la capitale loirétaine. Et l’année 2020 marque les 150 ans d’installation des Petites Sœurs rue Bellébat.

En 2022, Ma Maison d’Orléans est composée de six Petites Sœurs dirigée par la Mère supérieure et héberge 72 résidents confiés à leurs soins jusqu’au terme de leur vie. Elles sont également aidées par une animatrice, des bénévoles et les familles pour organiser des animations (atelier cuisine, jeux de société, chorale etc.).

Hommage de la ville d’Orléans à la fondatrice des Petites sœurs des pauvres

Dans les années 1990, la ville d’Orléans entreprend le percement de l’avenue Jean-Zay modifiant et transformant profondément cette partie du quartier Saint-Marc. Aussi, pour rendre hommage aux Petites Sœurs des pauvres, installées depuis plus de cent ans rue de Bellébat, le conseil municipal, dans sa séance du 26 novembre 1993, décide de dénommer la nouvelle voie reliant la place du Champ-Saint-Marc à la rue de Bellébat : rue Jeanne-Jugan.

Sources et bibliographies

Archives d’Orléans

Sources administratives
  • Cote 1P6 – Congrégations. – Communauté des Petites Sœurs des Pauvres : hospice, admissions (1858-1874) ; demandes d’autorisation de vente et d’acquisition d’immeubles (2 p.) (1866) ; subvention, demandes d’augmentation (1 p.) (sans date), de suppression (1 p.) (1879) ; legs (1876-1908).
  • Cote 4G777 – Fiches auxiliaires cadastrales : 56 rue de Bellébat (archives numérisées)
  • Conseil municipal du 26 novembre 1993, p. 1537 (archives numérisées)
Bibliothèque des Archives d’Orléans
  • Almanach du Loiret (PER009). Annuaire général d’Orléans et des communes du Loiret (PER015). Annuaire du département du Loiret (PER263)
  • Églises paroissiales, chapelles et oratoires, couvents et établissements de charité, et autres lieux de culte ayant existé à Orléans au cours des siècles / Abbé Louis Gaillard, 1990, 190 p. manuscrites (cote C3165)
  • Inauguration des transformations de Ma Maison, Vivre à Orléans, n° 5, avril 1990

Webographie

  • https://petitessoeursdespauvres.org/
  • https://petitessoeursdespauvres.org/france/province-de-rennes/orleans/
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Jugan

Bibliothèque diocésaine d’Orléans

  • Bénédiction de la chapelle et des nouveaux locaux le 17 mars 1990, La Vie diocésaine, 1er avril 1990, p. 104-106