Du début du XXème siècle jusqu’aux années 1970, les fiançailles, les baptêmes, les mariages et banquets, mais aussi les repas de congrès, étaient organisés, sur Orléans, dans des lieux mythiques qui ont laissé un souvenir impérissable chez nos anciens. En plus réjouissances dans ces lieux, les restaurateurs avaient une activité de traiteur qui leur permettait d’obtenir la concession de la buvette lors des bals populaires du 14 juillet, ou de la Foire Exposition qui se tenaient tous deux au Campo Santo.

Trois traiteurs se distinguaient sur Orléans au 20ème siècle :

  • Le Salon Rabourdin, situé au 40 rue de la Lionne, entre le mail et la rue d’Illiers, était tenu par Gaston Rabourdin (21/12/1880 – 1955),
  • La Villa Régina au 54 rue de Bellébat, était tenue par Godefroy Pilet, réputé bon cuistot,
  • La Villa Sébastopol au 26 rue aux Ligneaux, au croisement avec la rue de l’Orbette.

Comparaison des photographies aériennes de 1954 et de 2019. La photo de 2019 montre le petit chalet, toujours présent. Source : IGN (France) – Photothèque Nationale – http://remonterletemps.ign.fr/.

Le nom de la Villa Sébastopol est sans aucun doute à relier à la Guerre de Crimée (1853-1856) qui a vu l’Empire russe s’opposer à la France, l’Empire ottoman, le Royaume-Uni et Le
royaume de Sardaigne. La date de fondation de cette institution remonte à 1888.

L’entrée de la Villa Sébastopol. Source : www.ebay.fr

Le parc et le chalet, sur une carte promotionnelle. A noter que le gérant est orthographié « LECLER ». Source : www.delcampe.net

Carte promotionnelle de la Villa Sébastopol. Source: www.delcampe.net

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Le parc et le chalet, sur une carte promotionnelle. A noter que le gérant est orthographié « Leclère ». Source : www.delcampe.net

Le parc lorsque M Marchand était le gérant. Source : www.delcampe.net

La villa s’étendait sur 5000 m² de surface, comprenant des bâtiments et un parc, avec un bassin et une statue de baigneuse ainsi qu’un petit chalet.

La statue de baigneuse qui trônait au milieu du bassin. Collection J.P. Chamaillard.

Le chalet, qui pouvait accueillir 30 personnes est toujours existant en 2019 (voir photographie aérienne).

Le petit chalet dans le parc de la Villa Sébastopol. Collection J.P. Chamaillard

La grande salle pouvait accueillir 250 couverts. L’activité de la villa était dédiée à de la restauration, des banquets, des repas d’affaires, des bals populaires et des soirées dansantes privées

La grande salle de banquet et le bar. Sources: Collection J.P. Chamaillard et www.delcampe.net

Voici quelques exemples de sociétés qui y prenaient banquet :

  • Le 20 juin 1914, les sociétaires de La Halliéro (Amicale des gascons et méridionaux d’Orléans) sont invités au banquet annuel[1].
  • Le 31 juillet 1921, l’Orchestre de la Société Lyrique des chemins de fer donne un apéritif-concert dans les jardins de la Villa Sébastopol[2].
  • Le 1er octobre 1921, le groupement Bourgogne de l’Union des Combattants du Loiret y organise un banquet suivi d’un bal.
  • Le 9 juillet 1922, c’est au tour du groupe orléanais des voyageurs de commerce d’y organiser son banquet annuel[3].
  • Le 4 mars 1923, ce sont les anciens du 368ème d’infanterie et de la 73ème division réunis qui organisent leur banquet annuel, pour un prix de 15 francs tout compris[4].
  • Le 1er mars 1970 : la Fédération André-Maginot a tenu son assemblée générale[5].

De nombreuses célébrités étaient invitées à la Villa Sébastopol, notamment à l’occasion du Bal du Bac. On pouvait y voir se produire Roland Vannier[6], Claude Luter, Stéphane Grappelli, ou Les Haricots Rouges.


La Villa Sébastopol fut successivement tenue par George Leclerc jusqu’aux années 20, puis par André Marchand jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Après la guerre, Louis Petit achète à André Marchand la Villa Sébastopol. Louis Petit était négociant en café et torréfacteur rue de l’Orbette, à Saint-Jean de Braye dont il a été maire entre 1947 et 1963. La famille de Roger Pajon (qui tenait aussi des hôtels à Orléans) exploite le fonds de commerce jusqu’en 1953. André et Annette Chamaillard rachètent le fonds de commerce. Jean-Pierre Chamaillard, fils d’André et Annette et qui était alors soldat en Algérie, reprend le fonds de commerce de ses parents en 1964. Ses parents quittent la Villa Sébastopol pour être employés de restauration par la CGE à l’Usine d’Ambert. En 1969, le fonds de commerce est revendu à M Demesense.

Publicités parues dans le bulletin paroissial de Saint-Marc en 1969. Source : Archives Municipales et Communautaires d’Orléans – C2817.

Celui-ci le revend ensuite en 1971 à Bertrand Philippe et Tony Gomez. Ceux-ci, associés à Guy Pajon (fils de Roger) obtiennent le changement d’activité pour faire de la Villa Sébastopol une boite de nuit : Le Kiproko.

[1] Journal du Loiret du 22 juin 1914. Médiathèque d’Orléans – Cote E5129.
[2] Journal du Loiret du 31 juillet 1921. Médiathèque d’Orléans – Cote E5129.
[3] Journal du Loiret du 15 juillet 1922. Médiathèque d’Orléans – Cote E5129.
[4] Journal du Loiret du 19 février 1923. Médiathèque d’Orléans – Cote E5129.
[5] Les réunions de la Fondation Maginot (1967-1970). Mémoire – Ciclic : https://memoire.ciclic.fr/8714-reunions-de-la-fondation-maginot-les
[6] L’ambianceur local s’est éteint. La République du Centre du 17 septembre 2013.