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Poursuivons ce soir dans notre quartier de Bionne : Le temple de Bionne (suite) – La vache à Colas
En effet, l’un des hameaux de Saint Jean de Braye porte, comme la rivière voisine, le nom de Bionne. Ce toponyme a un suffixe celtique. Dans ce hameau était édifié, au XVIIème siècle, un temple utilisé par la communauté protestante de la région, en application de l’édit de Nantes.
Il s’y produisit, en septembre 1605, un curieux incident. Une vache, qui broutait paisiblement aux alentours, entra par mégarde à l’intérieur de l’édifice, au moment même où on y célébrait un office religieux. Affolée par les cris des fidèles, elle devint vite furieuse. Or, la vache, pour les huguenots, n’est pas un animal sacré. Les assistants, croyant à une provocation des catholiques du pays, ne virent dans cette aventure qu’une occasion inespérée de manger de la vache enragée. Quand il eut connaissance de ces agapes inopinées, le propriétaire de la bête, un certain Colas Pannier, porta plainte auprès du bailli d’Orléans, qui condamna solidairement tous les habitants de Bionne appartenant à la « religion prétendue réformée » à rembourser la valeur de l’animal et à régler les dépens du procès.
L’affaire eut un immense retentissement. L’expression « être de la vache à Colas » pour désigner les parpaillots fit très vite fortune dans la France entière. La paisible ruminante de Bionne allait-elle rallumer dans le royaume une guerre civile à peine éteinte ? Redoutant le pire, le Parlement n’hésita pas à intervenir. Il menaça de graves sanctions toute personne qui serait convaincue d’avoir désignée un huguenot par le sobriquet en vogue : « Il est de la vache à Colas ». Mais il faut plus qu’un arrêt de Parlement pour venir à bout de l’esprit guépin ; et, pendant longtemps encore, pour désigner un protestant, on continue de dire « Il est de la vache à Colas ».
Sources : bulletin municipal de 1980
J.-H. B
Extrait du « Guide du Val de Loire Mystérieux ».
CPA:collection G. Creusillet
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